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REGISTRES DU BUREAU
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LXXXVII [XXXVI]. — [Assemblée pour traiter de diverses affaires.]
7 décembre 1546. (Fol. 41 v°.)
Du mardi, vii0 jour de Decembre mil vcxlvi.
En assemblée le jour d'uy faicte, en l'Ostel de la Ville de Paris, de Messrs les Conseillers d'icelle, pour adviser sur plusieurs urgens affaires de lad. Ville, en laquelle se sont trouvez, c'est assavoir :
Monsr le Prevost des Marchans, Me Loys Gayant W ;
Mess" Tanneguy, Berthelemy, Charpentier(2', Es­chevins;
Mess" Tronson, Et. de Montmirel, Dudrac, Bail­let, Berthelemy, Perdrier, Paillart, T. de Brage­longne, Bouchart, Larcher, Conseillers ;
Après ce que mond, s1" le Prevost des Marchans a declairé qu'il y avoit plusieurs causes, pour les­quelles il avoit faict congreger et assembler lad. compaignée, mais pour eviter prolixité, il n'en pro-poseroit quanta present que quatre.
Rivière de Curre.
La premiere est que ung nommé Gilles Desfroissiz de Rouen, à present maistre des forges de Ny Ver­nois, atier de quelques marchans de Paris, qui ont achepté certaine quantité de boys debout, estans près la riviere de Curre, a esté vers le Conscil du Roy donner à entendre qu'il fournirait la ville de Paris de boys à bon marché, si la ville de Paris luy voul­loit bailler deux mil escuz pour faire et rendre lad. riviere de Curre navigable, au moings notable, qui seroit ung bien inestimable à lad. Ville, ainsi quil disoit. Au moyen de quoy auroit obtenu lettres pa­tentes du Roy, par lesquelles il est mandé à icelle Ville luy bailler lad. somme, en baillant caucion bourgeoise, comme il offre faire de present. Suyvant lesquelles auroit esté par cy devant faict deux assem­blées de Conseil'3' pour y adviser, où auroit esté con­clud, advisé ct deliberé que, avant que passer oultre, lad. riviere et lieux circomvoisins seroient veuz et visitez par gens notables à ce congnoissans, qui seroient choisiz et esleuz par le Bureau de lad.
Ville. Ce qui auroit esté bien et deuement faict par lesd, depputtez, qui en auroient rapporté au Bureau de lad. Ville la figure et leur procès verbal, parle­quel il apert que, au moyen des rochers et pierres estans dedans lad. riviere et de l'eaue venant en maniere de torrant des montaignes, elle ne pourroit commodement se faire navigable, qu'elle ne coustast plus de cinquante mil escuz. Et voyant par led. Des­froissiz lad. deliberacion, pour recouvrer son honneur et ne cherchant que son prouffit particullier, auroit mys à l'avanture grosse quantité de sond, boys de­dans lad. riviere, pour le faire flotter et le faire con­duire par force de gens jusques à Crevan'4'; mais, ainsi qu'il a confessé luy mesmes, en a perdu grosse quantité. Et voyant par luy que si peu qu'il en avoit aud. Crevan, luy cousteroit gros deniers à faire voic-turer par eaue, est venu de rechef devers lad. Ville pour demander des basteaulx pour l'admener, em-semble persevere à demander lesd, deux mil escuz contenuz én sesd, lettres patentes, en baillant cau­tion.
Maisons abatues à la ville neufve. La seconde est que lad. Ville est inquietée et poursuyvie pour faire recompense aux proprie­taires des maisons abatues à la Ville neufve, près la porte Sainct Denis, en l'année vc xliiii(5', de l'ordon­nance du Roy, nostre sire, et.n'y a nulz deniers à lad. Ville pour ce faire. ■
Les domestiques des Roy et Royne de Navarre.
La troisiesme est que les officiers domestiques du Roy et Royne de Navarre ont obtenu lettres patentes de exemption des empruntz et subsides, qui ont esté levez en cestedicte Ville, ès années v° xliiii etxLv dernieres, dont les Quarteniers d'icelle Ville ont faict recepte et les deniers mys ès mains du Rece­veur general Marcel; et veullent que leurs deniers,
W Louis Gayant, seigneur de Varatre, conseiller au Parlement de Paris, avait été élu Prévôt des Marchands, lo 16 août précé­dent, en remplacement de Jean Morin.
C Denis Barthélemy, quartenier, et Fiacre Charpentier, marchand, les deux nouveaux échevins, élus au lieu do Jean de Saint­Germain et de Jean Barthélemy.
(3) On ne trouve dans le Registre qu'une seule assemblée, celle du 23 juillet précédent, où il ait été question de cette affaire.
(4> Cravant, canton de Vermenton (Yonne).
(s) A la fin du mois d'août et au commencement do septembre 1544, pour mettre la Ville de Paris en état de défense. On craignait que les Impériaux, qui venaient de s'emparer de Snint-Dizier, ne poussassent jusque sous les murs de la capitale. (Voir, ci-dessus, p. 4o,n°LV.)